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Consulter notre FAQLa thérapie comportementale pour traiter les insomnies liées aux douleurs chroniques : ça marche !
Une équipe pluriprofessionnelle d’universitaires de Seattle, dans l’Etat de Washington s’est intéressée au traitement, par thérapie comportementale, de l’insomnie qui affecte particulièrement les sujets âgés souffrant de douleurs ostéo-articulaires (« rhumatismes » souvent à recrudescence nocturne).
Notre Expert : Pr Jean-Michel CHABOT
Jean-Michel Chabot est médecin et Professeur de santé publique. De 2010 à 2017, il a été conseiller médical de la Présidence de la HAS et membre de la Commission nationale des études de santé (CNES). De 2002 à 2004, il avait été conseiller au cabinet du ministre de la Santé Jean-François Mattéi après avoir été secrétaire de la conférence des Doyens de médecine de 1998 à 2002. Actuellement, il poursuit son activité aux comités de rédaction de la Revue du Praticien et du Concours Pluripro.
Le traitement mis en œuvre consistait en une thérapie cognitivo-comportementale, de surcroît médiée par téléphone, de manière à faciliter « l’accès aux soins » de patients souvent excentrés en zones rurales démédicalisées et quelquefois réticents à se déplacer.
Plus de 300 sujets de plus de 60 ans (âge moyen légèrement supérieur à 70, avec une forte prédominance féminine) affiliés au Kaiser Permanente[1] ont ainsi été recrutés. Tous se plaignaient depuis plus d’une année, d’une insomnie objectivée par une échelle validée (Insomnia Severity Index score), insomnie vraisemblablement liée à des douleurs d’affections ostéo-articulaires. Des symptômes dépressifs et une asthénie étaient fréquemment associés.
Ces sujets ont été répartis par tirage au sort (c’est ce que l’on appelle une « randomisation ») :
un groupe de sujets bénéficiait de la thérapie comportementale ;
un autre groupe bénéficiait d’une éducation thérapeutique plus traditionnelle de l’insomnie.
La thérapie comportementale comportait plusieurs éléments.
D’abord, l’utilisation d’un « agenda du sommeil » qui accompagnait une double évolution progressive – par tranche de 15 minutes chaque semaine – visant à accroître le temps de sommeil par rapport au temps passé au lit.
Simultanément les patients partageaient des conseils et instructions de manière à réduire le plus possible le temps passé au lit sans dormir. Toutes les « routines » habituelles favorisant l’endormissement étaient également rappelées. Une attention particulière était attachée à la réduction des phases d’hyperactivité qui peuvent précéder l'endormissement.
Enfin, un travail était accompli pour mieux accepter les modifications habituelles du sommeil liées au vieillissement et finalement « positiver » chaque situation personnelle.
Cette thérapie était délivrée par des « coachs » (un psychologue, une infirmière spécialisée et un travailleur social ; tous avaient été spécialement formés pour leur intervention).
Les patients des deux groupes ainsi été joints par téléphone, à six reprises, pour un entretien de 20 à 30 minutes sur une période de deux mois.
Les résultats ont été tout à fait probants, avec de bonnes acceptabilité et adhérence des sujets des deux groupes. A deux mois, près de 2/3 des patients du groupe thérapie comportementale pouvaient être considérés en rémission de leur insomnie ; bien plus à douze mois, plus de 56 % des patient(e)s étaient encore en rémission. Et pour le groupe éducation thérapeutique ce sont 26 et 25 % des sujets qui bénéficiaient d’une rémission à deux et douze mois.
Dans tous les cas, l’intervention par téléphone est apparue comme un moyen simple et efficace pour faciliter l’accès aux soins.
Pr Jean-Michel Chabot – Mars 2024
Source : Effect of Telephone Cognitive Behavioral Therapy for Insomnia in Older Adults With Osteoarthritis Pain A Randomized Clinical Trial : Susan M. McCurry, PhD; Weiwei Zhu, MS; Michael Von Korff, ScD - JAMA intern medicine Février 2021 - Disponible ici. Consulté le 12 avril 2021.
[1] Le Kaiser Permanente est une organisation de soin (hospitalier et ambulatoire) à laquelle sont affiliés plus de 15 millions d’américains, surtout côté pacifique des EU. Cette organisation est reconnue pour son excellence, grâce en particulier à un son système d’information qui fait que les professionnels qui y exercent sont bien coordonnés et que chaque patient affilié bénéficie d’un dossier médical partagé et donc d’un suivi optimal.